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Comme l’écrivait Florence Ingersoll-Smouse dans son ouvrage consacré à Jean-Baptiste Pater, publié en 1921, « peintre de la Fête galante, il nous intéresse, et par son intimité avec Watteau, auquel beaucoup de ses œuvres sont encore attribuées, et par sa valeur propre ». Cette sanguine pleine de vie et de spontanéité est typique des études préparatoires réalisées par le peintre pour être par la suite utilisées dans la composition de ses tableaux.

 

  1. Jean-Baptiste Pater, élève et disciple d’Antoine Watteau

 

Antoine Pater, le père de Jean-Baptiste appartient à la petite bourgeoisie de Valenciennes où il exerce le métier de marchand-sculpteur. Son frère Jacques est un peintre local qui participera vraisemblablement à la formation de son neveu. Né le 29 décembre 1695, celui-ci est d’abord placé chez Jean-Baptiste Guider un peintre local dont la mort en 1711 est vraisemblablement la raison du départ du jeune Jean-Baptiste aux côtés de Watteau, de passage à Valenciennes. Le caractère difficile de Watteau les amène à se séparer en 1713.

 

De retour à Valenciennes, le peintre rencontre des difficultés avec la puissante Corporation de Saint-Luc (dont il refuse de faire partie) qui l’obligent à regagner Paris en 1718. Il se réconcilie avec Watteau peu de temps avant sa mort (le 18 juillet 1721), hérite des commandes que celui-ci n’avait pu honorer et achève certaines de ses œuvres.

 

Pater est agréé par l’Académie Royale en 1725 mais ne produira son tableau de réception Les réjouissances du soldat que trois ans plus tard. Il aura pendant toute sa brève carrière (il meurt à quarante ans le 25 juillet 1736) essentiellement une clientèle d’amateurs et ne recevra qu’une seule commande royale, peu de temps avant sa mort.

 

2. Description et œuvres en rapport

 

Pater avait adopté la méthode de composition de son maître Watteau et réalisait des dessins d’études soigneusement consignés dans un cahier qu’il utilisait ensuite pour animer ses compositions. Ses tableaux souffrent parfois, comme cela l’a aussi été reproché à Watteau, d’un caractère un peu artificiel puisque les personnages semblent figés les uns à côté des autres.

 

Le thème des scènes militaires (englobé à l’époque dans le genre des Fêtes galantes !)était un de ses sujets favoris de Pater. Il constitue avec les Femmes au bain le côté le plus personnel de son art. C’est également un des thèmes par lequel il se différencie le plus de Watteau : à la différence des scènes militaires dans lesquelles Watteau exprime la détresse du soldat, tout est gai chez Pater. Nous sommes dans un univers résolument théâtral dans lequel une forte présence féminine vient enlever toute morosité …

 

On peut penser que les deux figures rapidement esquissées sur ce qui semble être un billet envoyé à l’artiste - des traces d’écriture se devinent au dos de la feuille malheureusement collée sur un papier fort - ont été réutilisées dans deux compositions du peintre, représentant toutes deux La marche des troupes.

 

La figure de gauche qui représente un soldat de trois-quart, légèrement penché vers son long fusil dont la crosse est posée à terre, se retrouve ainsi dans un tableau de la Gemäldegalerie de Berlin.

 

La figure de droite de notre sanguine, qui représente un soldat enserrant de ces bras croisés son fusil évoque un des personnages d’un tableau conservé au Metropolitan Museum de New York.

 

3. Encadrement

 

Cette sanguine est encadrée dans un important cadre doré de style Louis XV.

 

Principale référence bibliographique :

Florence Ingersoll-Smouse Pater – Les Beaux-Arts Paris 1921